Harold’s Story
"In Feist’s brilliantly coloured paintings, the intensity of colour brings the paint up to the surface and holds it.” – Karen Wilkin
In 1996, 937 works by the Toronto abstract painter Harold Feist entered the Art Gallery of Algoma’s collection. It was in some ways an unusual acquisition, not least for its size.
Feist was a successful artist with a retrospective exhibition under his belt, a career milestone that had toured to six galleries, but not the AGA. And he had no obvious connection to Algoma outside the gallery—no childhood memories, no adult anchors.
The gift seems to have been initiated by the artist himself, though whatever Feist’s connections to the listed donors were, they left no trace in either his of the gallery’s records. A few years before, Feist himself had gifted the gallery three of his paintings, and perhaps that was enough. The works found a home, and for nearly thirty years they sat quietly in their drawers, waiting. When they were finally digitized in the summer of 2023, two years after Feist’s death, what they revealed was a visual history of an artist’s self-discovery, the evolution of a distinctive and sustaining style.
En 1996, le musée des beaux-arts d’Algoma (Art Gallery of Algoma) faisait l’acquisition de 937 œuvres du peintre abstrait torontois Harold Feist. À certains égards, il s’agissait d’un événement plutôt inhabituel, ne serait-ce qu’en raison de l’ampleur de la collection.
Artiste accompli et apprécié, Harold Feist avait déjà présenté une exposition rétrospective, ce qui constitue une étape importante dans la carrière d’un artiste. Cette exposition avait fait l’objet d’une tournée qui s’était arrêtée à six différents endroits, mais pas à l’Art Gallery of Algoma (AGA). En outre, rien ne semblait rattacher cet artiste à Algoma, mis à part le musée. Il n’y avait pas conservé de souvenirs d’enfance, et n’y comptait pas non plus de points d’ancrage en tant qu’adulte.
C’est l’artiste lui-même qui semble avoir pris l’initiative de ce don et, quels que soient les liens que Feist entretenait avec les donateurs mentionnés, ces derniers n’ont laissé aucune trace de leurs liens avec l’artiste dans ses archives ou dans celles du musée. Quelques années auparavant, Feist avait lui-même fait don au musée de trois de ses tableaux, ce qui aurait pu suffire. Ces œuvres avaient trouvé où loger et, pendant près de trente ans, étaient patiemment restées dans leur tiroir. Quand on les a finalement numérisées à l’été 2023, deux ans après la mort de Feist, elles ont révélé visuellement le cheminement de la découverte de soi d’un artiste, soit l’évolution d’un style distinctif et durable.
Feist did not begin his career as an abstractionist; indeed, he did not, strictly speaking, set out to be an artist at all. Born in San Angelo, Texas, in 1945, he was a military kid who spent the first dozen years of his life moving from base to base following the career of a father who, as an officer in the US Air Force had been a flight instructor during the Second World War and retired a Lt. Col. in 1966. When Feist entered the University of Illinois in 1963 it was as an architecture student, but he soon transferred to the visual art department – inspired, it seems, by a lecturer who confidently declared that painting as a career had nothing to offer to anyone who didn’t have something to say. Feist was always confident in his ability to say something with his art, but the earliest works in the AGA’s collection show an artist looking for the vocabulary that would make his message clear.
There are loose experiments with black pigment on newsprint in which Feist has left palm prints from laying the black on with his hands, and precise geometric studies of spirals and rectangles that explore geometric harmony. A series of collages from 1966 combine stylized figures, perspective lines, and broken architectural-drawing style interiors, while in a separate collage series from 1970 Feist reconfigures US topographical survey maps of Wisconsin, drawing over them in graphite and red pencil like he’s trying to correct the landscape.
Part of the uncertainty may have come from Feist feeling at odds with the approaches his art-school classmates and similar-age peers so enthusiastically pursued. In a series of letters to Karen Wilkin, a close friend and curator of Feist’s 1988 retrospective, he described feeling put off by what he called “Paperback Freud” : the idea of trying to pull the artist out of the work, or of foregrounding or backgrounding parts of his inner self in a painting left him cold, uninspired, almost paralyzed in front of his canvas. When he moved from Baltimore, Maryland, where he’d been taking graduate courses and teaching at the Maryland Institute, College of Art, to Calgary to take a job at the Alberta College of Art (now the Alberta University of the Arts) in 1968, it was art history books, not contemporary journals and magazines, that helped him feel connected to a larger, longer artistic tradition as he tried to find his way in a new city and a new country.
Ce n’est pas l’art abstrait qui intéressait Harold Feist en début en carrière. En fait, il n’a jamais vraiment entamé une carrière d’artiste. Né en 1945 à San Angelo, au Texas, il est le fils d’un officier de l’armée de l’air des États-Unis, instructeur de vol pendant la Deuxième Guerre mondiale. C’est donc la raison pour laquelle Feist a passé les douze premières années de sa vie à déménager d’une base à l’autre au rythme des affectations de son père, lequel a pris sa retraite de l’armée en 1966, avec le grade de lieutenant-colonel. Feist entre à l’université d’Illinois en 1963 pour étudier l’architecture, mais change vite d’orientation en optant pour la faculté des arts visuels. Il semble avoir alors été influencé par un conférencier qui aurait déclaré, avec assurance, que la peinture en tant que carrière n’avait rien à offrir à quiconque n’avait rien à dire.
Harold Feist a toujours eu confiance en sa capacité de dire quelque chose par son art, mais les premières œuvres de la collection de l’AGA révèlent un artiste encore à la recherche du vocabulaire qui rendrait son message compréhensible. Il s’y applique par des expériences sans
retenue sur du papier journal, au moyen d’un pigment noir dont il s’enduit les mains pour immortaliser des empreintes de paume et des études géométriques précises de spirales et de rectangles, dans une exploration de l’harmonie géométrique. Une série de collages réalisés en 1966 combine des figures stylisées, des lignes de perspective et des intérieurs brisés dans le style du croquis architectural, tandis qu’une autre série de collages, réalisée cette fois en 1970, reconfigure des cartes topographiques étatsuniennes du Wisconsin, sur lesquelles il dessine à la mine de plomb et au crayon rouge ce qui s’apparente à une tentative de corriger le paysage.
Une partie de l’incertitude peut provenir du fait que Feist se sent en désaccord avec les démarches de ses camarades de l’école d’art et ses pairs du même âge, qu’ils adoptent avec tant d’enthousiasme. Dans une série de lettres adressées à Karen Wilkin, conservatrice de son exposition rétrospective de 1988, et amie proche de l’artiste, ce dernier explique qu’il se sent dépité par ce qu’il appelle le « Freud de poche » soit l’idée d’essayer de retrouver l’artiste dans son tableau, ou de faire passer à l’avant-plan ou à l’arrière-plan d’un tableau quelque chose de son moi intérieur. Cette idée le laissait complètement froid, ne l’inspirait aucunement, allant presque jusqu’à le paralyser devant sa toile. Lorsqu’il quitte Baltimore en 1968, où il suivait des cours de troisième cycle et enseignait au College of Art du Maryland Institute, c’est pour aller occuper un poste à l’Alberta College of Art (aujourd’hui l’Alberta University of the Arts) à Calgary. Ce sont alors les manuels d’histoire de l’art, et non les revues et magazines contemporains, qui l’aident à se rattacher à une tradition artistique élargie et plus ancienne, à un moment où il tente de trouver sa voie dans une nouvelle ville et dans un nouveau pays.
Prairie Evolutions
During the seven years he spent in the Prairies – six in Calgary and one in Regina – Feist’s painting evolved. He began to produce grids like the ones we see here, where the looseness of some of those experiments in black transforms into slightly muddied colours and deliberately imprecise lines within a set structure. “They suggested an effort to achieve the spontaneity of children’s art,” Wilkin would later write about Feist’s grid paintings, “despite their clear aesthetic ambition.”
Drawings like these two untitled works from 1971 show him carefully testing options – different colours, different scales, different proportions – for works in which all that practice transforms not into precision but into something that feels whole. Like it emerged as a single, spontaneous, image.
Évolutions dans les Prairies
Durant les sept années passées dans les Prairies, dont six à Calgary et une à Regina, la peinture de Feist évolue. Il commence à produire des grilles comme celles que nous voyons ici. Certaines de ces expériences dominées par la couleur noire, parfois réalisées sans retenue, mènent à des couleurs légèrement brouillées et des lignes délibérément imprécises dans une structure définie. Karen Wilkin commentera plus tard les « grilles » de Feist en ces termes : « Elles suggèrent une tentative de retrouver la spontanéité de l’enfance, malgré une évidente ambition esthétique. »
Des dessins comme ceux-ci, produits en 1971 et auxquels il n’a pas attribué de titre, donnent l’impression que l’artiste met soigneusement certaines options à l’essai en testant différentes couleurs, différentes échelles et différentes proportions, réalisant ainsi des œuvres caractérisées non pas par la précision, mais par quelque chose qui nous semble former un tout… Cela finit par donner une image… unique… spontanée.
Watching Feist’s style shift from year to year it is easy to wonder what prompted each change. Was it something he saw, something he read, someone he met, an idea that came from who knows where? These soft fields of colour recall the Ukrainian-American painter Jules Olitski’s paintings from the 1960s and early 1970s. Wilkin often compared Feist to Olitski, and Feist, for his part, admired and later was befriended by the older artist. At one point, feeling stuck, Feist even described trying to “make Oltiskis” – are these them? Without Feist to tell us, we have only the clues in the works themselves – the gauzy colour that looks like it was applied with a spray gun, the differences between the series these two works come from and the ones before and after – and the letters and bits of writing left in his studio and collected by his family and friends after he died, to help us figure out what to make of them. In a letter to Wilkin from 1974, Feist described paintings that layered “creamy white over pink,” which sounds a lot like these gentle works. He compared them to “Monet or Noland at their most lyric + light,” but he wasn’t satisfied with what he’d made. The paintings didn’t go far enough, didn’t challenge the viewer or take aesthetic risks. “I want to make paintings that can look good on the barest terms + be good on the highest,” he wrote. And these were not that, at least as far as Feist was concerned.
En observant l’évolution du style de Feist au fil des années, on est facilement porté à se demander ce qui a motivé chaque changement. Est-ce quelque chose qu’il a vu, quelque chose qu’il a lu, quelqu’un qu’il a rencontré, une idée qui lui est venue de nulle part? Ces champs de couleurs douces rappellent les tableaux du peintre étatsunien d’origine ukrainienne Jules Olitski, produits au cours des années 1960 et au début des années 1970. Karen Wilkin comparait souvent Feist à Olitski, et Feist, pour sa part, admirait cet artiste plus âgé que lui avec lequel se tisseront des liens d’amitié. À un moment donné, se sentant bloqué, Feist dit même essayer de « faire des Oltiskis ». Parle-t-il de ces deux œuvres? En l’absence de Feist pour nous le confirmer, nous ne disposons pour le savoir que des indices laissés par les œuvres mêmes, soit la couleur vaporeuse qui semble avoir été appliquée au pistolet; les différences entre les séries dont proviennent ces deux œuvres et celles qui les ont précédées et suivies; les lettres et les textes laissés dans son atelier et recueillis par sa famille et ses amis après sa mort. Dans une lettre adressée à Karen en 1974, Feist décrit des tableaux qui superposent du « blanc crémeux à du rose », ce qui ressemble beaucoup à ces œuvres plus délicates. Il les compare aux œuvres de « Monet ou Noland les plus éloquentes et lumineuses », mais n’est pas satisfait de ce qu’il a produit. Ces œuvres n’allaient pas assez loin, n’interpellaient pas le spectateur et ne comportaient aucun risque esthétique. « Je veux peindre des tableaux dont la beauté reposera sur la simplicité, mais qui figureront parmi les plus beaux », écrit-il. Mais ce n’est pas le cas de ceux-ci, du moins au goût de Feist.
This tension between satisfaction and dissatisfaction, uncertainty and ambition, comes up again and again in Feist’s letters. And it seems to echo through the collection, too, as the dates tick forward and the works accumulate. Are these three little paintings – part of a set of 27 of the same style, size, and year – sketches for larger works or an idea that ran its course in what we have here? Their bright colours, yellows, oranges, and greens tempered by vibrant browns, might still be lyric, but they’re no longer light. Their quickness and flatness ditch the depth that’s there in even the prettiest of the layered works. “Sometimes I think of all these forays as simply my apprenticeship and am perhaps rushing things,” Feist wrote to Wilkin the same year he painted these. He was in Regina, bored of teaching, isolated, frustrated with his work. He was still searching for something to sustain him.
Cette tension entre la satisfaction et l’insatisfaction, l’indécision et l’ambition, revient sans cesse dans les lettres de Feist. Elle semble également se répercuter dans la collection, au fil des années et dans l’accumulation des œuvres. Ces trois petites peintures, qui font partie d’un ensemble de 27 tableaux du même style, de la même taille et de la même année, seraient-elles des esquisses en préparation d’œuvres de plus grande envergure, ou une idée qui fait son chemin? Leurs couleurs vives, soit les jaunes, les orangés et les verts tempérés par des bruns éclatants, sont peut-être encore éloquentes, mais elles ne sont plus légères. Leur rapidité et leur planéité ignorent la profondeur que l’on trouve même dans les plus jolies œuvres réalisées par couches. « Je pense parfois que toutes ces incursions ne sont qu’apprentissage, et que je précipite peut-être les choses », écrit Feist à Karen Wilkin, l’année même où il peint ces tableaux. Il était à Regina, lassé d’enseigner, isolé, frustré par son travail, et encore en quête de ce qui pourrait le soutenir.
Spokes
In 1975 Feist found a way out of Regina via a job offer at Mount Allison University in Sackville, New Brunswick. A year later, he had split from his wife; by July 1978 he was in New York, living on a measly stipend from the Canada Council supplemented with whatever he could pick up from odd jobs and trying (and failing) not to paint himself into exhaustion. He had started to paint concentric strokes of colour that radiated outward from a central intersection point like spokes on a wheel.
Writing to Karen Wilkin around the time she was putting together his retrospective, Feist poked fun at his naïve younger self, who had patted himself on the back for committing to spend a year painting the same thing after creating his first spoke paintings in 1975. “I knew I needed a structure,” he wrote, “a ‘nail to hang my hat’, that would give me a home-base to work from so I could go winging off into the yonder after whatever it was I was going to be after as an artist.” Through thousands of permutations, the spokes became that nail.
Rayons
En 1975, une offre d’emploi de l’université Mount Allison de Sackville, au Nouveau-Brunswick, donne à Feist l’occasion de quitter Regina. Il se sépare de son épouse l’année suivante. En juillet 1978, il est à New York, subsistant grâce à une maigre allocation du Conseil des Arts du Canada et de petits boulots ici et là, et en essayant (sans y parvenir) de ne pas peindre jusqu’à épuisement. Il commence à peindre par traits concentriques de couleur en s’éloignant d’un point d’intersection central, à la façon des rayons d’une roue.
Écrivant à Karen Wilkin à l’époque où elle prépare sa rétrospective, Feist se moque de son jeune moi naïf qui se félicitait de s’être engagé à peindre la même chose pendant un an après avoir créé ses premiers « rayons », en 1975. « Je savais que j’avais besoin d’une structure », écrit-il, d’un « clou pour accrocher mon chapeau », qui me donnerait un point d’ancrage à partir duquel je pourrais prendre mes ailes, à la recherche de ce que j’allais devenir en tant qu’artiste. » Après des milliers de permutations, les rayons sont devenus ce clou.
In 1974, a visit to Toronto had left Feist dreaming of a future free from the burden teaching had become. “I noticed all over town that people were actually buying art,” he wrote to Wilkin, “such people exist!” At the time, most of the artists he knew taught or took on other work to pay their bills, and the idea of painting full time seemed like a fantasy. “But now I’ve gotten it in my head + I don’t see relaxing about it in the near future,” he declared. “What a life it would be to wake up every day with no commitments but painting + a few other body functions.”
Six years later, he arrived in the city that had allowed him to imagine that a life of only painting might be possible. He would remain for the rest of his life.
À l’occasion d’une visite à Toronto, en 1974, Feist rêve de se libérer du fardeau qu’est devenu pour lui l’enseignement. « J’ai remarqué que des gens achètent des œuvres d’art partout dans la ville, écrit-il à Karen Wilkin. Ça existe ça! » À cette époque, la plupart des artistes qu’il connaît enseignent, ou font n’importe quel autre travail qui leur permet de payer les factures. L’idée de peindre à plein temps semble relever du fantasme. « Mais maintenant que cette idée m’habite, je ne suis pas près de m’en défaire », affirme-t-il. « Quelle vie ce serait de pouvoir me lever le matin sans autre obligation que de peindre, à part quelques autres fonctions biologiques. »
Colour and Confidence
Look at what the collection shows us of Feist’s work in the 1980s and it’s hard to see the artist who created those early, structured collages of figure and maps. The paint pools and crackles, layers of differing opacities turning bright, pure colours into strange new ones. The spokes are full of energy, exploding outwards instead of progressing in orderly fashion around their central point. Settled in Toronto, married again, he had not only a commercial gallery in a city with a far larger art market than the ones he’d been in before, but a dealer he shared with his idol Olitski. “I think when you asked why Toronto seems such a healthy place for painting,” Feist wrote to the older painter in May 1984, early in what would become a deep and lasting friendship, “I answered something about a lot of people here who like – love – good art and who even buy it. An audience. But I imagine you recognized how much more than that there is here. Like a family related by choice.” Feist’s career – and his personal life – would continue to have their ups and downs. But after almost two decades of geographical and artistic wandering, he had found his home.
Couleurs assurées
Jetez un regard sur les œuvres de Feist des années 1980. Celles de cette collection permettent difficilement d’y reconnaître l’artiste qui a créé les premiers collages structurés de figures et de cartes. La peinture s’agglutine et se fissure. Des couches de différentes opacités transforment des couleurs pures et éclatantes en de nouvelles teintes étranges. Des rayons pleins d’énergie explosent en s’éloignant, plutôt que de progresser sagement à partir du point central. Installé à Toronto, remarié, Feist dispose non seulement d’une galerie commerciale dans une ville où le marché de l’art est bien plus important que dans les villes qu’il a connues auparavant, mais aussi d’un marchand qu’il partage avec son idole Olitski. Au tout début de ce qui allait devenir une amitié profonde et durable, en mai 1984, Feist écrit à son aîné : « Je pense que lorsque vous m’avez demandé pourquoi Toronto semblait être une ville très favorable aux peintres, j’ai parlé du grand nombre de ses habitants qui aiment… sont fous du bel art, au point d’en acheter! Un public! Mais j’imagine que vous avez reconnu qu’il y avait bien plus que cela ici. Comme une famille qu’on s’est choisie. » La carrière de Feist et sa vie personnelle continueront de connaître des hauts et des bas. Mais après presque deux décennies d’errance géographique et artistique, il a trouvé sa place.
“Great art has supreme confidence locked up in there,” Feist declared in an undated piece of writing, left among dozens of personal and professional letters, photos, and mementos, in his studio after he died. “It has perfection in there. It is something made by man that is better than anything that man is supposed to be able to make.” Reading Feist’s words alongside these almost 1000 works, it is clear that confidence, and great art, could often feel like they were eluding him. He is self-deprecating and self-critical, always trying to find something better than what came before. And yet here are these confident streaks of paint, these strange, almost disturbing colours: blotches of black against the pink in Untitled (1988); orange and blue muddying the ground the silver shoots across in Untitled (1992).
« Une confiance suprême est confinée dans le grand art », déclare Feist dans un texte non daté, retrouvé dans son studio après sa mort, au milieu de dizaines de lettres personnelles et professionnelles, de photos et de souvenirs. « Il y a de la perfection là-dedans. C’est quelque chose fait par l’homme qui vaut mieux que tout ce que l’homme est censé pouvoir faire ». En lisant ces mots de Feist à proximité de ces presque 1000 œuvres, il est clair que la confiance et le grand art semblent souvent lui échapper. Il fait preuve d’autodérision et d’autocritique, essayant toujours de trouver quelque chose de mieux qu’auparavant. Et pourtant, voici ces traînées de peintures pleines d’assurance, ces couleurs étranges, presque inquiétantes : des taches noires contre du rose dans l’œuvre sans titre de 1988; de l’orange et du bleu qui viennent embrouiller le fond; une flèche argentée qui le traverse dans l’œuvre sans titre de 1992.
Here are these brilliant, brilliant blues, painted, of course, by the same artist about whom Wilkin, quoted in a 1973 letter from a mutual friend who suspected Feist might need a bit of encouragement to keep him going, once said, “In [his] brilliantly coloured paintings, the intensity of colour brings the paint up to the surface and holds it.”
Voici ces bleus éclatants, éclatants, peints, bien sûr, par le même artiste au sujet duquel Karen Wilkin, citée dans une lettre de 1973 d’un ami commun qui soupçonnait Feist d’avoir besoin d’un peu d’encouragement pour continuer, disait un jour : « Dans [ses] peintures brillamment colorées, l’intensité de la couleur fait monter la peinture à la surface et la retient.
The AGA’s Feists end their story in the early 1990s, three decades short of the end of their artist’s career (his last exhibition of new work was on display in Toronto when he died in May 2021). But they document something essential – a coming into being, a drive to create paintings that, in Wilkin’s words, “speak eloquently, without inhibitions, about the evocative, associative power of colour and materials of picture making.”
Les œuvres de Feist dont dispose l’AGA datent au plus tard du début des années 1990, soit trois décennies avant la fin de sa carrière artistique (sa dernière exposition de nouvelles œuvres ayant eu lieu à Toronto au moment de son décès en mai 2021). Mais elles véhiculent quelque chose d’essentiel : une naissance, une volonté de créer des tableaux qui, selon Karen Wilkin, « parlent avec éloquence, sans retenue, du pouvoir évocateur et associatif de la couleur et du matériel qui entrent dans la production de tableaux ».